Nous avons exploré l’Alaska pendant 12 jours de deux façons différentes: par la route en camping-car et par la mer en bateau de croisière. Le camping-car est incontestablement le meilleur moyen pour visiter les terres en Alaska. Il offre confort et flexibilité à un prix raisonnable dans un pays très bien équipé pour ce moyen de transport.
Le second moyen de transport est la croisière. Cela permet l’accès à des lieux inaccessibles par la route et une expérience plus relaxante. Selon nous, le road trip idéal devrait se faire sur trois semaines. Cependant, en un peu moins de deux semaines et grâce à la dualité des transports, nous avons l’impression d’avoir pu vivre pleinement notre expérience de l’Alaska.
Conseils pratiques
- L’hiver en Alaska est très rude. Il est difficile de visiter la région à cette période de l’année, notamment, car les parcs sont fermés et les routes dangereuses. La bonne saison pour partir se situe de mai à septembre. Partir au début du mois de septembre nous a permis de profiter du début de la saison des aurores boréales, avoir une météo plutôt clémente, éviter la haute saison touristique et observer la faune et la flore avant l’hiver. Nous sommes très heureux d’avoir choisi cette période.
- Le coût de la vie est assez élevé en Alaska, car beaucoup de ressources sont importées. Prévoyez votre budget en conséquence.
- Pour louer un camping-car, prévoyez un minimum de 7 jours. En effet, les distances sont très grandes et la plupart des locations se font à la semaine.
Le road trip du sud à l’intérieur de l’Alaska
Pour voyager à Anchorage, nous avons pris l’avion depuis Francfort pour un vol de 10 heures. À l’arrivée, après une longue journée de 34 heures due au décalage horaire, nous nous sommes directement rendus à notre très accueillant et confortable Airbnb.
Le lendemain, nous avons récupéré notre camping-car chez A&M Motor Home Rentals et avons filé au nord direction le parc Denali. Nous avons loué le camping-car pour 4 jours. Si vous avez plus de temps, nous vous conseillons de louer au moins 7 jours pour pousser plus au nord jusqu’à Fairbanks et faire une boucle plutôt qu’un aller-retour.
Jour 1 : en route pour le nord
134km / 1h30 de route
Une fois le camping-car en main, notre premier stop est la plus grande librairie indépendante d’Alaska, Title Wave Books, où Clémentine s’entretient avec les libraires. Nous prenons ensuite la direction du nord, mais seulement après avoir fait nos réserves de nourriture. En effet, nous avons été bien avertis que plus nous nous éloignons d’Anchorage, plus les épiceries se font rares et chères.
Notre cap est le parc Denali. Il y a 390km / 4h depuis Anchorage jusqu’à l’entrée du parc qui est située au nord. La route est très belle et nous faisons beaucoup d’arrêts pour admirer les paysages. Ainsi nous n’atteignons pas le parc le premier soir.
Pour s’arrêter pour notre première nuit dans notre maison roulante, la route qui relie Anchorage à Denali (la highway 3) est très bien équipée. Bien qu’il soit possible de camper presque n’importe où en Alaska (la règle dit que tant qu’il n’y a pas de panneau d’interdiction c’est autorisé) nous nous sommes arrêtés dans un camping : J&Ms Boat Launch & R.V. Park. Pour $12 la nuit nous avons élu domicile à l’endroit où la rivière Kashwitna se jette dans la rivière Susitna avec en bonus une vue sur le mont Denali (aussi appelé mont McKinley) situé à 130km à vol d’oiseau.
Jour 2 : l’arrivée au parc national
251km / 2h37 de route
La route pour rejoindre le parc est toujours magnifique, on en prend plein les yeux. Une fois arrivés vers 11h, nous regrettons de ne pas avoir réservé à l’avance le camping à l’intérieur du parc, car il est déjà complet. Il est facile de trouver des endroits où dormir, mais nous sommes contraints de sortir du parc. On réserve donc notre emplacement pour le lendemain soir.
La fin de la journée est consacrée à faire des petites balades à côté du centre d’information. Bien que nous ne soyons pas encore dans le cœur du parc, les décors sont déjà à couper le souffle. Le soir, nous recherchons un coin où dormir. On trouve plusieurs options gratuites, mais proches de la route et décidons finalement de nous arrêter au Denali Outdoor Center. Nous vous conseillons donc de réserver votre emplacement de camping dans le parc Denali en avance sur : https://www.reservedenali.com/. Selon nous, dormir sur place est plus pratique et offre une très belle expérience. Le prix est plus abordable qu’en bordure du parc et les services excellents (wifi, aire de camping-car, sanitaires, supérette et machines à laver).
Jour 3 : l’exploration du parc de Denali
206km / 9h de route en bus
Réveil aux aurores, et nous filons prendre le bus (réservé la veille) qui nous emmène au cœur du parc jusqu’au Eielson Visitor Center. Nous avions hésité à réserver l’escapade en bus ($40 par personne). Néanmoins, le cœur du parc est interdit à la circulation (pour une meilleure préservation de la faune et la flore) et il aurait été dommage de ne pas visiter cette partie. Aucun regret, à part peut-être de ne pas avoir pris le bus qui se rend à l’arrêt suivant : le Wonder Lake et qui nous a été vivement recommandé (12h20 de bus à prévoir contre 9h). Magnifique journée !
La conductrice du bus nous a donné de très bonnes explications, les paysages sont tout simplement incroyables et la météo est excellente. À tel point que nous faisons partie des 10% des visiteurs qui ont la chance de voir le mont Denali intégralement. De plus, nous observons beaucoup d’animaux sauvages : une dizaine de grizzlis, deux caribous, trois élans, une flopée de mouflons de Dall et beaucoup d’oiseaux. Il nous a juste manqué de voir des loups pour compléter le Big Five du parc Denali.
Jour 4 : le retour à Anchorage
366km / 3h53 de route
Journée de route pour retourner à Anchorage où nous devons rendre le camping-car à 8h du matin le lendemain. Nous prenons notre temps pour s’arrêter aux endroits qui nous ont intrigués à l’aller. En plus des arrêts pour observer les paysages, nous croisons un hôtel en forme d’igloo abandonné, un vendeur d’antiquités hétéroclites à Trappers Creek et des vendeurs de feux d’artifice hauts en couleur. Le soir, nous nous arrêtons à Eagle River campground. C’est un super camping au bord de la rivière d’où partent des chemins de randonnée, ce qui nous permet de profiter de la nature tout en réduisant la route du lendemain vers Anchorage.
La croisière
Jour 5 : le départ à Seward
225km / 2h34 de route en bus
Le lendemain, nous prenons le bus direction Seward. Encore une fois, la route est magnifique, nous longeons le fjord au sud d’Anchorage pour arriver à Seward en début d’après-midi. Nous embarquons pour 7 jours de croisière jusqu’à Vancouver à bord du Celebrity Millenium. Nous avons un peu de mal à prendre nos repères la première journée, le bateau est immense ! Notre chambre est confortable (on aurait toutefois aimé avoir un hublot, mais il faut prévoir un budget plus élevé) et nous prenons nos premiers repas de rois. La première nuit à bord se passe très bien et nous sommes contents de ne pas avoir le mal de mer.
Voyager en bateau de croisière
La croisière n’était pas un mode de transport que nous avions envisagé, et nous avions pas mal d’à priori. Cependant, les dates de la croisière de Seward à Vancouver correspondaient parfaitement à notre planning (arrivée la vieille du mariage d’amis à Vancouver). Aussi nous avons vite réalisé que cela nous permettrait d’atteindre des villes et merveilles de la nature en Alaska qui ne sont pas accessibles par la route ! Au vu du prix abordable de la semaine (en considérant que cela inclut aussi notre transport), nous nous attendions à un confort minimum et un buffet limité. Nous avons eu une très agréable surprise.
Tout était de qualité luxueuse : le service, les restaurants (avec la possibilité de commander des plats sans lactose spécialement cuisinés pour Clémentine), les animations et les espaces détentes (piscines d’eau de mer, saunas, jacuzzis…). Une expérience que nous recommandons et un moyen de transport original !
Jour 6 : le glacier de Hubbard
555km
Pour commencer, nous passons la première journée à bord du bateau. Il n’y pas de descente à terre prévue, mais une destination extraordinaire : le glacier de Hubbard. L’origine du glacier se situe à 122km et 3400m d’altitude pour se jeter dans la mer sur une largeur de 10km et une hauteur de 90m. Autant dire qu’on se sent tout petit lorsque nous approchons avec le bateau. La taille, les craquements et les morceaux qui se détachent sont vraiment impressionnants !
Un grand espoir lors de notre voyage en Alaska est de voir des aurores boréales. Nous n’avons pas eu la chance d’en voir lors de notre périple dans les terres à cause des mauvaises conditions météorologiques. Mais, il est encore possible d’en voir depuis le bateau bien que nous soyons plus au sud. L’indice d’alerte est au niveau 4 lors de notre deuxième nuit en mer, nous décidons de mettre un réveil à 2h du matin pour tenter notre chance. Nous avons la chance d’en voir des toutes petites, trop faibles pour faire des photos. Nous ne perdons pas espoir et décidons de continuer à sortir sur le pont au milieu de la nuit (et envions beaucoup les cabines avec balcons).
Jour 7 : Skagway
525km
Mauvaise surprise au réveil, car nous devions amarrer à Juneau, mais il y a trop de vent pour accoster. Le capitaine du navire et son équipage décident de se rendre à Skagway, notre destination suivante. Nous y arrivons donc quelques heures plus tard et partons visiter la ville.
Skagway est un symbole de la Ruée vers l’or en Alaska. Les opportunistes partaient à pied de Skagway sur des pistes aux conditions extrêmement difficiles pour rejoindre la rivière du Yukon et chercher de l’or dans le Klondike. C’est intéressant de visiter cette ville qui a accueilli jusqu’à dix mille chercheurs d’or (souvent logés en tentes malgré l’hiver extrêmement froid) et qui ne compte pas plus de mille habitants aujourd’hui.
Nous profitons de la journée pour visiter la ville, notamment le Mascot Saloon et le Jeff Smiths Parlor Museum, puis nous partons faire une petite randonnée avant de rentrer. Sur la route du retour, nous nous arrêtons au restaurant Skagway Fish Company où nous dégustons notre premier crabe royal, un délice incontournable d’Alaska.
Jour 8 : Juneau
166km
Retour à Juneau pour la journée. Nous explorons les alentours du port le matin, Clémentine effectue un entretien avec la propriétaire de la librairie Rainy Retreat Books. Ensuite, nous avons une excursion de prévue : le meilleur de Juneau avec Alaska Travel Adventures. Nous observons le glacier de Mendenhall puis enchaînons sur l’activité la plus impressionnante de la journée : l’observation de baleines. Enfin, nous nous retrouvons le soir au Salmon Bake pour une soirée romantique. Au programme : saumons grillés et marshmallows au feu de bois dans un cadre naturel très joli avec en prime une petite cascade.
Fun fact à propos de Juneau : c’est la capitale de l’état d’Alaska mais elle est inaccessible par la route car les montagnes qui l’entourent sont trop hautes et les neiges sont éternelles (ces neiges sont d’ailleurs à l’origine des nombreux glaciers qui bordent la région). Les habitants aiment beaucoup dire qu’il n’y a que 3 façons pour se rendre à Juneau : par avion, par bateau ou en y naissant.
Annoncées avec un indice 4 ce soir-là, nous nous motivons à nouveau pour nous lever la nuit et voir les aurores boréales. Par chance, vers 23h des aurores boréales se forment dans le ciel, les lumières du bateau sont éteintes et nous pouvons admirer nos premières véritables aurores boréales !
Jour 9 : Icy Strait Point
110km
Nous passons une demi-journée à Icy Strait Point où nous visitons le village et le musée et nous apprécions la vue de la plage. Il n’y a pas beaucoup d’activités gratuites, alors nous profitons du wifi pour envoyer des nouvelles à nos familles. Nous faisons aussi une balade en forêt et observons les mammifères marins qui passent au large.
Jour 10 : Ketchikan
547km
Ketchikan est l’occasion pour nous de faire à nouveau une excursion avec Alaska Travel Adventures. Nous commençons par un tour du parc Totem Bight State Historical avec notre excellente guide. Nous découvrons les techniques de construction des totems. Mais aussi, leurs significations et les très belles histoires derrière les personnages mythologiques qui les composent. Ensuite, nous faisons un tour en canoë sur un lac. Ce tour est suivi d’une petite balade au milieu de la forêt de Tongas, la plus importante forêt tropicale des États-Unis. C’est une forêt pluviale tempérée qui s’étend sur 6,9 millions d’hectares en Alaska.
Le reste de l’après-midi est consacré à la visite de la ville de Ketchikan qui a une histoire cocasse. La ville fut en effet longtemps considérée comme une des plus malfamées des États-Unis. Il est d’ailleurs possible de visiter Creek Street l’ancien quartier des maisons closes. Cette visite fut aussi l’occasion de suivre le chemin des saumons (en nombre très impressionnant) jusqu’à leur lieu de naissance.
Jour 11 : Journée en mer
Nous passons la journée en mer est voguons au travers de l’Inside Passage où nous avons la chance de voir quelques baleines. C’est l’occasion de profiter des activités de la croisière une dernière fois. Le fuseau horaire change et nous perdons une heure.
Jour 12 : Vancouver
1100km
La vie de croisière est finie pour nous : débarquement à 8h du matin à Vancouver. L’Alaska fut un voyage incroyable ! Au total, nous avons parcouru 3 638km en 12 jours, vu des paysages incroyables, observé des aurores boréales et des animaux sauvages majestueux. Un voyage que nous recommandons vivement !
La liste de lecture de Clémentine
- Into the wild de Jon Krakauer: le grand classique à lire ou à visionner dans sa version cinématographique. Le lieu de tournage est d’ailleurs le parc Denali et il est même possible de voir le bus à proximité. Voici le lien pour le livre numérique/l’ebook en VO.
- La jeunesse de Picsou – Tome 1 de Don Rosa: Une des BD favorites de mon enfance que j’ai retrouvée avant le voyage grâce aux intégrales de Don Rosa publiées par Glénat. Je pense que Picsou est la raison de ma fascination pour l’histoire de la Ruée vers l’or. Tout y est décrit avec précision et pour moi c’est un très bon acompte de la vie quotidienne des trappeurs.
- La femme de l’Alaska par James Oliver Curwood (publié en 1933 sous le titre l’Homme de l’Alaska), dont l’éditeur Arthaud vient de sortir une réédition avec une très belle couverture. Cet auteur contemporain de Jack London, nous permet d’en apprendre plus sur la politique en Alaska (et notamment le sort réservé aux Esquimaux natifs) à travers un roman d’amour et d’aventure proche d’un western. La première partie de l’intrigue se passe sur un bateau remontant la côte, ce qui n’a pas manqué de me rappeler notre voyage !
En VO
- Fodor’s Alaska: Notre guide de voyage sur l’Alaska, vraiment très pratique lorsque l’accès à internet est limité ou inexistant.
- Cruise Ports Alaska le guide Lonely Planet: qui permet de savoir où trouver du wifi gratuit dans les ports!
- Coming into the Country Travels de John McPhee: un récit classique sur la vie en Alaska, dans la nature comme de façon urbaine.
- Jasmine and Jake Rock the Boat de Sonya Lalli : une comédie romantique dont l’intrigue se déroule sur la croisière que nous avons effectué !
- Butcher, Baker de Walter Gilmour et Leland E. Hale. Le best-seller d’une des librairies où Clémentine a fait des entretiens. Ce documentaire relate l’enquête et le procès du plus terrible tueur en série d’Alaska. Entre le thriller et l’analyse sociale, ce livre nous a permis d’en apprendre davantage sur la société en Alaska.
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