Après 10 mois de voyage, nous faisons nos premiers pas en Asie. Nous n’avons jamais été aussi dépaysés, cela va de la nourriture à la culture en passant par les toilettes !
Nous ne sommes pas les seuls à être étonnés, et dans les parties d’Indonésie moins visitées par les touristes internationaux nous avons l’impression d’être d’incroyables célébrités. Sans exagérer, nous avons été arrêtés une cinquantaine de fois pour poser ou faire des selfies avec les locaux.
L’Indonésie est un pays immense. En effet, il est composé de plus de 17 500 îles avec des environnements naturels et des modes de vie très différents d’une île à l’autre. Nous aurions pu y passer 6 mois… Cependant, le visa touristique gratuit se limitant à un mois, nous n’avons visité que les îles de Bali et Java.
Bali
Venant d’Australie, nous avons atterri à Bali après un vol direct de quelques heures. Cette jolie île est de loin la plus touristique de l’Indonésie (assaillie en particulier par les touristes australiens qui profitent du coût de la vie très abordable). L’île est aussi connue pour ses particularités culturelles. En effet, dans le pays avec la plus grande population musulmane du monde, ici la religion principale est l’hindouisme.
Bali se fait aussi remarquer par son architecture, sa cuisine et ses incroyables spectacles de danse. Nous en avons aussi profité pour essayer des cours de yoga et des massages balinais, des supers expériences.
Les paysages sont magnifiques : rizières, plages, cascades, îles, falaises, volcans ou encore jungle. Il y en a pour tous les goûts (avec le soleil en prime) !
De plus, notre séjour à Bali fut encore une occasion pour nous de découvrir d’incroyables fonds marins. Nous avons pu observer des raies mantas de six mètres de long et plonger pour la première fois autour d’une épave de bateau.
Java
Après une vingtaine de jours à explorer Bali, nous avons pris le ferry pour Java. L’île de Java n’est qu’à 30 minutes de ferry mais reçoit pourtant beaucoup moins de touristes internationaux. Cependant, l’île attire beaucoup de touristes indonésiens, et il s’agit de l’île centrale du pays avec la capitale économique de Jakarta.
La différence majeure entre Java et Bali est la religion. En effet, sur l’île de Java, nous ne trouvons plus de temple à chaque domicile et d’offrandes dans les rues mais nous profitons tous les jours des beaux chants d’appel à la prière des musulmans.
Pour commencer notre séjour, nous nous sommes lancés dans une sacrée aventure dans un parc national hors des sentiers battus.
On vous emmène ?
Après nous être fait conduire par un gentil monsieur rencontré dans un magasin (les taxis ne voulant pas effectuer ce trajet), nous constatons que nous sommes les seuls touristes dans ce petit village où 80% des habitants sont pêcheurs et 20% fermiers. Sur place, la plage est tellement belle que nous cherchons les hôtels 5 étoiles, mais c’est complètement désert !
Le premier soir Poer, notre hôte, doit se rendre au village pour aider à préparer une célébration religieuse et nous propose de se joindre à lui. Les préparatifs sont compliqués mais effectués d’une manière très festive. Le gâteau traditionnel pour les grands événements se prépare dans des immenses marmites et doit être remué pendant 5 heures sans interruption. Les hommes jouent aux cartes et dominos en fumant et les perdants prennent le relais pour remuer le gâteau. Les enfants, déjà en pyjamas, s’amusent et courent dehors avec des pétards.
Le lendemain, Poer nous demande si nous voudrions bien commencer la journée par aller ramasser les déchets dans les rues du village avec les enfants de l’école primaire. Il nous dit que ça l’aiderait beaucoup pour montrer l’exemple et à éduquer les enfants sur ce sujet sensible. Nous ne sommes pas sûrs d’être un exemple plus valide que lui mais nous sommes heureux d’aider à nettoyer. Quand nous arrivons les enfants sont hyper contents, ils viennent tous se présenter et nous demander notre nom en anglais. Nous reconnaissons «Fifi» la fille de notre hôte et quelques enfants rencontrés hier à la fête (bien qu’ils aient l’air très différents dans leurs uniformes). Chaque professeur nous demande une photo et on nous fait poser devant l’école.
Par contre, nous ne savons pas où ramasser… Dès que nous baissons les yeux, nous ne voyons que des déchets: sur la route, dans les jardins, sur le bas-coté, dans la rivière… À la fin, Poer nous dit gêné qu’il sait bien que c’est polluant mais qu’il n’a pas d’autres choix que de brûler les déchets ramassés pour s’en débarrasser.
Les dégâts du plastique
Nous avons été très choqués par la quantité de déchets observés depuis notre arrivée en Indonésie. La mauvaise gestion des déchets semble être la conséquence d’un manque d’éducation et de sensibilisation sur les problèmes environnementaux ainsi que de l’absence de moyens mis en œuvre par le gouvernement.
Cette contestation s’est faite pour nous en même temps que la mise à découvert du traitement de certains déchets recyclables français envoyé dans les pays d’Asie où ils finissent parfois brûlés ou jetés à la mer. C’est vraiment dégoutant : voilà que les déchets dans les cours d’école ou le ventre des tortues ici sont en fait les nôtres !
C’est notre responsabilité à tous de réduire drastiquement nos déchets et de changer notre façon de consommer. Ce n’est pas à Fifi de ramasser notre paille ou bouteille d’eau en plastique à l’autre bout du monde.
Nous ne pouvons plus nous donner bonne conscience avec le recyclage au vue de ces informations.
Vous vous dites peut-être:
« Oui j’achète encore mon eau en bouteille, mais je ne jette jamais mes déchets par terre et je trie soigneusement mes déchets ; ils n’impactent donc pas l’environnement. » Ce n’est pas vrai, chaque bouteille a malheureusement des chances de polluer les océans.
« C’est aux industriels de changer leur façon de produire les emballages et aux politiciens d’agir, je ne suis qu’une goutte d’eau dans le système. » Mais si nous continuons d’acheter et de leur faire gagner de l’argent (donc de les soutenir) pourquoi changeraient-ils ?
Chacun d’entre nous à le pouvoir de faire des petits ajustements et dire « non au plastique » plus souvent (ce qui permet souvent d’économiser sur le long terme voire d’améliorer sa santé et qualité de vie).
Nous partons ensuite faire un tour à vélo à travers les rizières et les plages toutes aussi incroyables les unes que les autres. L’après-midi, nous nous mettons en route pour une plage protégée pour la sauvegarde des tortues. L’hôte nous prévient que le logement sur place sera rudimentaire comme il s’agit d’un programme du gouvernement. Nous traversons la jungle et y croisons plein de singes, dans une vielle jeep rouillée sur des routes qui secouent dans tous les sens (on passe même dans des rivières).
Nous arrivons ensuite à un genre de camp militaire complètement vide. Nous sommes présentés au ranger qui parle un peu anglais ainsi qu’à deux autres touristes qui dorment sur place, deux hommes qui viennent de Jakarta. Tout semble vide à part les singes qui essayent de rentrer dans les voitures et les chambres. Tout le monde part pour la prière et on commence à se demander où on a atterri au milieu de la jungle sans réseau ni internet.
Notre chauffeur, qui, à notre grand soulagement, passe aussi la nuit ici nous dit que le dîner est servi et nous sommes rejoints par les deux autres touristes qui parlent parfaitement anglais et avec qui nous sympathisons. Après notre repas, simple mais bon, ils sortent un réchaud de leur voiture et installent du thé, du café, des fruits et plein d’en-cas. Ils nous invitent, ainsi que notre chauffeur, à se joindre à eux et nous attendons ensemble l’heure de la ponte des tortues.
Nous nous rendons ensuite sur la superbe plage (dont l’accès est interdit en dehors des activités avec les rangers). Il n’est pas possible d’avoir des lampes mais avec la pleine lune nous profitons très bien du paysage.
Après une heure et demie d’attente dans le silence complet, les rangers nous informent qu’ils ont repéré une tortue en train de pondre. Quand nous arrivons la tortue rebouche le trou dans lequel elle a pondue, puis en creuse un autre pour leurrer les prédateurs. Les rangers la mesurent et marquent l’endroit du nid. Après de nombreux efforts, photographiés par tout le monde, la tortue repart majestueusement à la mer. Les rangers déterrent ensuite les œufs et en comptent 109. Ils vont les mettre dans le sable derrière des grillages à l’abri des prédateurs qui retrouvent et détruisent systématiquement les nids. Nous n’avons pas réussi à faire de belles photos mais nos amis indonésiens, qui sont vidéastes, en ont de très belles qu’ils promettent de nous envoyer. Nous nous reposons quelques heures et partons à l’aube pour aller relâcher des bébés tortues provenant d’une ponte d’il y a quelques semaines. Nous relâchons une à une nos six tortues (cinq de l’espèce des tortues vertes et une tortue olivâtre). Notre tortue olivâtre, plus petite que les autres, à un mal fou à rejoindre la mer. Une fois sorties du seau et posées sur la plage nous avons eu l’instruction de ne pas toucher les tortues. Ainsi nous la regardons anxieusement se diriger dans la mauvaise direction et se faire constamment ramener par les vagues. Finalement notre petite tortue, renommée Franklin, parvient à partir en mer. Certaines de nos tortues sortent encore leurs têtes et une petite patte par-ci par-là comme pour faire un dernier coucou et nous les perdons de vue. Malheureusement, seulement une sur mille va survivre jusqu’à l’âge adulte. Ce triste chiffre est dû aux prédateurs mais aussi aux actions de l’homme sur les océans telles que la pêche et la pollution.
Avant de quitter la plage, nous regardons autour de nous et constatons que les vagues ont ramenées des tonnes de déchets plastiques sur cette plage pourtant protégée, reculée et très limitée aux humains. Nous décidons de ramasser les nombreuses pailles qui traînent car cela nous rend malade de savoir que nos tortues risquent de mourir en les avalant. De fil en aiguille, nous nous mettons à ramasser les déchets de façons frénétiques et nous sommes très heureux de constater que les indonésiens sur place se joignent à nous.
Nos aventures sur l’île de Java ne s’arrêtent pas là comme nous partons ensuite en train pour nous rendre sur le volcan Bromo (et son paysage lunaire) puis dans la capitale culturelle de Yogyakarta. C’est pour nous l’occasion de : visiter le palais du sultan, nous forger des alliances de voyage en argent, assister à des spectacles de danse et de marionnettes et visiter plus de temples. En particulier nous avons profité à l’aube de Borobudur, l’un des plus beaux temples bouddhistes du monde. Nous avons aussi profité du coucher du soleil et de la soirée de l’impressionnant temple hindou de Prambanan.
Et après ?
L’île de Java étant très grande, nous nous sommes arrêtés à la moitié et avons pris un vol à partir de Yogyakarta pour la ville de Kuala Lumpur en Malaisie. Comme début août nous avons un vol de Bangkok vers l’Inde, nous allons explorer la Malaisie et le Nord de la Thaïlande le mois prochain (nous hésitions encore à faire un crochet par le Cambodge, nous verrons si nous avons le temps). Juillet marque aussi l’anniversaire de Clémentine (le 10) et ce sera déjà notre dernier mois en Asie du Sud-Est. Comme le temps passe vite, le retour approche !
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